Issue d’un père libertaire et d’une mère ayant passée sa vie à naviguer de clans en clans, Perle a bénéficié d’une enfance mouvementée. Son père, quelqu’un de fort respectable, a toujours eu des pensées peu communes. Il remettait sans cesse en question les différents principes de la vie, aussi banals soit-ils. Sa mère, n’a jamais réussi à trouver sa place dans les nombreux clans auxquels elle a appartenu. Et malgré sa bonne volonté d’intégration, elle courait toujours après une liberté que personne n’avait encore pu lui offrir. En grandissant, Perle avait donc eu du mal à se situer, ne connaissant pas son passé. Certes, elle avait beaucoup questionné ses parents sur leurs ancêtres mais elle n’avait jamais eu réponse. Ne pas connaitre ses origines, c’était comme ne as savoir qui elle était. Elle avait cherché encore et encore. Quel était ce sang qui coulait dans ses veines … ? C’était un supplice de ne pas le savoir … La vie a-t-elle un sens quand on ne sait ni d’où l’on vient, ni où l’on va … ?
Toutes ses questions se bousculaient souvent en elle et elle n’y trouvait pas de vraies réponses. Alors, elle rangeait toutes les interrogations dans un coin de sa tête et se contentait de faire semblant. Juste semblant d’être joyeuse, n’étais-ce pas suffisant ? Au moins, ses parents en étaient heureux.
Ses frères et sœurs, eux, ne semblaient pas encore assez mûr pour réfléchir à ce genre de choses. Tous jouaient innocemment, ne faisant pas attention aux dangers de la vie et risquant leurs vies inconsciemment pour un papillon s’évadant un peu trop loin. Ils étaient purs mais naïfs. Alors, Perle ne restait pas avec eux. Certes, elle les appréciait, sans plus.
En effet, le jeune couple ayant mis au monde une magnifique portée de chatons, dans l’immédiat, ils ne savaient où ils pourraient l’élever. Ils avaient beau chercher, aucune solution bénéficiant d’un commun accord n’avait été trouvé. Alors, ils avaient décidé de vivre comme des nomades, découvrant au même rythme que leurs petits les nouveaux paysages, nouvelles traditions et nouveaux climats. La petite famille se baladait de terres en terres et l’émerveillement des chatons à chaque nouvelle découverte était toujours une grande joie. Un cadre de vie idyllique n’est-ce pas ? Malheureusement, au fil du temps, les nomades accumulaient des ennemis qui les chassaient de leur territoire. Ils passaient parfois plusieurs jours à uniquement marcher et erraient, ayant du mal à trouver de quoi se nourrir durablement.

♥ Amour ♥

Les parents de Perle s’étaient toujours aimés d’un amour fou. Lui, ne vivait que pour elle. Elle, ne vivait que dans ses yeux. Alors, malgré les difficultés qu’ils avaient vécues, rien n’aurait pu les séparer à l’époque. S’étant faite bannir des clans dans lesquels elle s’était faite auparavant acceptée, la jeune féline passait ses journée avec son amant. Certes, elle avait eu plusieurs relations amoureuses avant, mais celle qu’elle vivait désormais était si parfaite qu’on aurait dit un vrai conte de fées.
Alors, les amants s’étaient aimés. Et, le fruit de cet amour fou, fût entre autre, la naissance d’une portée de chatons à laquelle Perle avait appartenue.
Après l’accouchement, elle fût le premier chaton à recevoir son nom. Perle, en raison de l’inspirante couleur bleue perlée de ses iris. Si insignifiant soit-il, il lui appartenait et était le seul présent que ces parents lui avaient légué.
Puis un jour d’été, alors que le soleil était à son zénith, que le vent s’était calmé et que les oiseaux chantaient à nouveau, un drame allait se profiler. Les chatons jouaient, comme à leur habitude, près des plans de fougères. Les parents les surveillaient négligemment, étant occupés à ne rien faire, si ce n’est dormir. Alors, il avait suffit d’un papillon ayant l’attiré l’attention de la portée pour que tout dérape. L’insecte aux ailes gracieuses s’éloignait du terrain de jeu, tandis que les parents ne remarquaient rien. Les boules de poils suivaient, Perle aussi. Et, trop attentifs aux battements d’ailes de l’animal, les jeunes ignorants ne firent pas attention aux différents obstacles qui auraient pu les mettre en danger. Cette falaise, par exemple. Haute d’une centaine de mètres, elle condamnait à une mort assurée, pour quiconque y effectuait un saut involontaire…

♠ Accident ♠

Tout était allé très vite. Tout d’abord, Perle avait bondit sur l’insecte afin de l’attraper en première. Elle avait dérapé et s’était retrouvé à moitié dans le vide. Seules ses deux petites pattes se raccrochaient encore à la parcelle de terre qui lui était encore accessible. Les autres chatons de la portée criaient. Et, sentant qu’elle ne tiendrait pas longtemps non plus, elle aussi appela ses parents au secours. Elle avait beau s’égosiller, ils ne venaient pas. Ses griffes s’accrochaient tant bien que mal, mais elle se sentait glisser peu à peu vers le vide. Alors, elle lâcha. La descente ne se fit pas bien longue. L’air venait brosser violement son pelage et cela lui était douloureux. Elle poussa un cri strident puis, se fracassa bruyamment contre le sol. Plus rien. Le vide. Elle était étalée par terre, comme morte. Non. Elle respirait encore. Elle n’en avait presque pas encore conscience mais elle était vivante. Quelques temps passèrent. L’équivalent de quelques nuits. Deux, trois, peut être plus.
C’est alors, qu’elle se réveilla tout doucement. Elle ouvrit lentement les yeux et essaya de repérer l’endroit ou elle se trouvait. Au dessus de sa tête, ce n’était pas le ciel. C’était gris et cela semblait être une matière dure. On aurait dit … les parois d’une grotte. C’était la seule information que ses yeux avaient pu lui communiquer, il faisait trop sombre. Alors, elle essaya de se redresser mais au moment même ou elle bougea une patte, une immense douleur vint la surprendre. Elle réessaya et là, toujours pareil. Tout son petit corps brisé lui faisait affreusement mal. Elle gémit. Abandonnant la partie, elle décida de ne plus bouger. Elle se laisserait mourir ici, incapable de se soigner seule. Doucement, le dernier souffle de vie qu’il restait à la féline s’épuisait, jusqu'à totalement disparaitre.
Elle ferma les yeux… pour ne plus jamais les rouvrir.

♣ Renaissance ♣

Perle resta sans vie pendant une semaine. Puis, son corps commença à se régénérer. Ses blessures cicatrisèrent peu à peu et tous ses os fracturés commencèrent à se reconstituer. Son pelage redevint doux, soyeux, exempté de quelconques parasites. Ses griffes s’allongèrent et en quelques minutes, elle doubla de poids. Son cerveau effaçait toutes traces de son ancienne vie de chaton. Elle ne se souviendrait de rien, prendrait un nouveau départ. Un sang nouveau coulait dans ses veines. Un sang propre, pur et plus vigoureux. Elle sentait alors en elle un force qu’elle n’avait encore jamais ressentit. Une force digne d’une guerrière. Elle ouvrit les yeux et se leva presque instantanément. Elle aperçut une flaque d’eau et s’en approcha. Elle mourait de soif. En voyant sont reflet, elle fut encore plus impressionnée. La chatte qu’elle voyait alors, ressemblait fortement à Perle. C’est ce qui la troubla, car elle savait que cette apparence lui disait quelque chose. Bien que maintenant, sa corpulence était celle d’une adulte. Le poil plus long, plus soyeux, les muscles bandés et l’air plus … hautain. Elle secoua la tête pour chasser toutes ses interrogations de sa tête. Elle allait partir loin, très loin. Derrière elle, sans doute une vie de misère. Mais son futur, lui serait brillant. Elle se sentait désormais invincible.
Avançant de quelques mètres, elle aperçut un petit sentier qu’elle commença alors à suivre. Entendant de l’eau couler, elle alla vers la source de l’écoulement et tomba sur un ruisseau quelques longueurs de queues plus loin. Il devait surement mener à un lac. Elle le suivit. Et pendant qu’elle avançait doucement, elle repensa à sa mère. Qui était-elle ..? Et dire qu’elle ne s’en souvenait même plus … La guerrière sentait encore son doux parfum. L’odeur d’un mélange d’herbes fraiches et de sève de pin. Son pelage était si soyeux et si chauds que l’apprentie se souvenait qu’elle adorait s’y loger. Mais maintenant qu’elle commençait une nouvelle vie, elle ne devrait plus y penser. Elle observa son reflet une dernière fois, avant de partir pour de bon à l’aventure.

♫ Nouveau départ ♫

La nouvelle guerrière erra pendant des années entre ciel et terre. Elle vit à peu près tous les paysages possibles et inimaginables sur cette planète, tant elle voyagea. Elle rencontra de nombreuses personnes qui, par leur force de caractère et leur savoir, apprirent à la « nouvelle née » de nombreuses techniques de combats et styles de vie. Puis, un jour qu’elle se baladait en terres inconnues comme à son habitude, elle fit la connaissance d’un clan qui venait de se créer. Le clan du Néant. Un clan qui ne croyait pas en des êtres vivant dans le firmament. Rien d’étonnant, pourquoi croire à ses présences qui, ne viennent jamais vous aider quand vous en avez le plus besoin ? On les dit lâches, on dit qu’ils sont impies car ils ont abandonné le clan des étoiles. Mais réfléchissons-y. Des deux clans, lequel a lâché l’autre ? Lequel a laissé l’autre mourir de faim et ne l’a pas protégé alors qu’il était plusieurs fois en danger de mort ? Les ancêtres n’ont pas besoin de gibier pour survivre, eux. Leurs destins est déjà tracé. Condamné, même. Pas de vie, pas de mort. Ils le sont déjà. Alors, si les « traitres » ne croient plus aux légendaires aïeux, c’est bien parce que ceux-ci ne méritaient pas leur confiance. Ne remettons plus ces croyances en questions, c’est bien une chose inutile. Revenons-en à notre histoire. La féline au pelage blanc fût alors touchée par la survie de ce clan. En effet, comme ils étaient bannis par tous, ils subsistaient difficilement à leurs besoins. Mais, si une chose était frappante, c’est que malgré la difficulté, tous s’entraidaient, comme s’ils appartenaient tous à une même grande famille. Ils avaient certes peu, mais avaient une notion de la fraternité inexplicable, qui les poussait à donner tout. Elle voulait appartenir à ce clan, elle sentait que, son destin ne se ferait que dans celui-ci. Elle parvenu à rejoindre ce groupe de félins, fraichement crée et s’y fit une jolie place. Après avoir prouvé à tous son efficacité, elle s’y imposa et en devint la chef. Ne se souvenant pas de son ancien nom depuis sa renaissance, on la baptisa « Pluie de Cristal » en raison de la couleur blanche et fantomatique de son pelage. Commença alors pour de bon, sa nouvelle vie...